France nature environnement
Interview d’Arnaud Gossement (France nature environnement) C réée en 1968, la fédération écologiste France nature environnement (FNE), qui regroupe 3 000 associations, a participé aux rencontres du Grenelle de l’environnement organisées, en octobre 2007, par le gouvernement, sous l’égide de Jean-Louis Borloo, ministre en charge du dossier. Ces travaux ont donné lieu, en fin de course, à la rédaction d’un premier projet de loi soumis aujourd’hui au vote des parlementaires. Avocat, docteur en droit et enseignant à l’université Paris 1 (Panthéon-Sorbonne) en droit de l’environnement, Arnaud Gossement, porte-parole de FNE, explique, ici, la portée de ce texte qui, selon lui, «bouleverse le rapport de notre société à la nature»
car il va contraindre les«penser différemment les politiques. FNE salue la création d’un mécanisme de «compensation de la biodiversité», comme une petite révolution. Pourquoi est-ce si important ? Jusqu’à présent on ne se souciait que du coût de la protection de l’environnement, en ignorant le coût de sa destruction. Admettre que la nature a une valeur et que lui porter atteinte a donc un prix constitue une avancée majeure. Dorénavant, un projet d’aménagement urbain, une route, une implantation industrielle… devront être envisagés en prenant mieux en compte l’impact sur l’environnement. Car les dommages qui n’auront pu être évités devront être compensés. De quelle façon? Cela n’est pas encore arrêté. Notre idée est que la compensation doit avoir lieu au plus près de l’espace où l’atteinte se produit. Il ne s’agit pas de compenser la disparition d’espèces, comme le grand hamster en Alsace ou le vison d’Europe en Aquitaine, en plantant des palmiers sur la Côte d’Azur. Il ne s’agit pas que les opérateurs versent de l’argent pour se dédouaner mais d’organiser réellement des actions qui assurent la préservation des écosystèmes. Les députés ont aussi acté la création d’une trame verte. En quoi consistera-t-elle ? L’étalement des villes, la multiplication des infrastructures de transports – routes, chemins de fer, etc. – ont segmenté les espaces naturels en supprimant des points de passages indispensables à la survie des écosystèmes. La trame verte a pour objectif de recréer ces passages en établissant des corridors écologiques. De notre point de vue, c’est aussi une des avancées essentielles du Grenelle qui bouleverse le rapport de notre société à la nature. Nous allons devoir penser différemment les politiques d’aménagement. Les associations écologiques sortent-elles durablement confortées du Grenelle ? Certainement. La loi reconnaît à nos associations un rôle aussi important qu’aux organisa- tions syndicales. Nous aurons notre place dans Propos recueillis par L. C.
tous les débats engageant la décision publique.
Et nous comptons
d’ores et déjà en profiter
pour participer à
l’élaboration de la carte
de France sur les éventuels
besoins en autoroutes.
La loi nous
donne des droits mais aussi des devoirs. Nous
allons ainsi devoir nous compter, évaluer notre
représentativité, établir des règles de plus
grande transparence notamment sur nos financements.
décideurs à
d’aménagement»